INTUITIO est constitué de personnages fantastiques, stylisés, rocambolesques, inspirés du jeu des masques, du bouffon, du clown, du cabaret, de la commedia dell’arte, du cinéma muet.
Le processus de création de chaque scène (ou d’un ensemble de scènes) part toujours d’un thème, d’une idée de base. Celle-ci est abordée dans un premier temps par l’improvisation, puis ensuite par la réflexion (que ce soit à travers la musique, le jeu théâtral, le mouvement, la vidéo ou l’écriture). C’est ce qui donne ce « souffle spontané et intuitif » à la construction du jeu et des scènes de INTUITIO.
Il se peut parfois que le processus de création se déroule à l’envers (d’abord par « l’intellectualisation de la scène », puis par « son expérience scénique »). Mais ceci n’arrive en général que lorsqu’il faut rajouter une scène manquante dans la structure globale du spectacle ou de la vidéo, pour des raisons dramaturgiques.
À propos du clown
Un parallèle tout particulier peut se faire entre le travail de création de INTUITIO et l’art du clown, dans le sens « vivre le clown comme une expérience », « trouver son clown » :
Je pense que cette expérience consiste pour l’acteur à « adopter » une démarche de recherche bien particulière, profonde et « vraie ». En effet, le travail du clown amène l’acteur à « être », et pas à « faire semblant » / « avoir l’air ».
Le Clown créer de la magie et a la capacité de « rendre belle la vie ». Il crée de la poésie, il peut se permettre de dénoncer, de mettre en garde et aussi de partager des utopies. En fait, il est simplement libre de s’exprimer et peut être écouté sérieu- sement du fait qu’il puise sa force dans son authenticité.
Pour l’acteur, c’est aussi une manière de chercher à retrouver « l’enfant qui est en lui », sa « spontanéité », sa « sincérité », « l’essence de ce qu’il est », apprendre à se connaître, à s’assumer, à jouer de ses « qualités » et de ses « défauts ». Et il peut le partager avec son public. Le clown peut être attirant comme parfaitement repoussant, peu importe, dès le moment où il est vrai. Le public peut d’ailleurs sentir si le clown est « authentique » et c’est à partir de là que se crée la qualité du lien entre « l’artiste et le spectateur ». Travailler le clown c’est aussi développer l’imaginaire, la créativité, « ouvrir le champs des possible ». C’est, à partir d’une action, imaginer une réaction autre que celle qui pourrait nous paraître évidente et/ ou nous auraient été inculquée. Le clown, s’est un moyen de rentrer en contact avec « soi », avec « l’autre », avec le « public ». C’est rendre possible cette « communication universelle » entre les êtres humains, faire surgir ces « liens » venant du « néant » et qu’on ne serait « explorer si finement » autrement qu’à travers le langage artistique.
« Chercher son clown », c’est donc aussi un moyen de partir à la recherche de la source universelle dont découle notre mystérieuse intuition. C’est sur quoi repose également la recherche des personnages de INTUITIO, et c’est aussi la démarche artistique à laquelle se réfère la Cie INTUITIO. C’est le travail de toute une vie. Et bien plus.
Musique
La musique prend une place très importante dans la création du projet et guide sa structure tout du long. C’est elle qui donne le rythme à la mise en scène et au montage vidéo, et qui donne la couleur aux différentes atmosphères. Généralement écrite dans sa totalité, elle laisse parfois de l’espace à l’improvisation, comme c’est le cas pour un thème de jazz. Elle est généralement « organique » lorsqu’elle est composée par Nat Cilia, et « électrique » lorsqu’elle est créée par Daniel Maszkowicz. La plupart du temps même elle « fusionne » entre les deux, elle voyage, elle inspire.
L’influence incontournable de la musique de INFLUUT est également présente dans les compositions de INTUITIO. En effet, le groupe de musique électroacoustique post jazz portant le nom de INFLUUT (https://influut.art/) est constitué des musiciens Nat Cilia et Daniel Maszkowicz, ceux-là mêmes qui incarnent les personnages de l’Artiste et du Scientifique dans INTUITIO.
ll n’y a pas de « registre musical spécifique » dans le projet INTUITIO. On pourrait dire que ce qui connecte ces différentes musiques, c’est leur capacité à créer des univers riches et profonds, permettant à l’auditeur de voyager à travers ses mélo- dies, ses harmonies, ses sonorités. Comme la vie, la musique passe et s’exprime à travers diverses émotions et situations. C’est le cas également dans INTUITIO : la musique y évolue naturellement au fil du temps, passe par diverses émotions, fait apparaître de nouvelles situations et perspectives. Elle accompagne et fait agir les personnages ainsi que les paysages.
Le piano et le saxophone sont les instruments les plus sollicités. Sont utilisés également : la voix, l’accordéon, le mélodica, la guitare, la basse, le cajón, ainsi que des objets métalliques, des instruments électroniques, des loopers et des synthétiseurs.
Parfois aussi, des morceaux d’autres compositeurs sont interprétés. Comme c’est déjà le cas avec la Nocturne op.9 No.1 de Chopin, et « Intro » de Babylon Circus.
Quelques références
La compagnie s’inspire particulièrement des artistes et des compagnies telles que : James Thierrée, Mump & Smoot, Habbe & Mike, El Niño del Retrete, Teatro nelle Foglie, Paulo Nanni, Dimitri, Gardi Hutter, Teatre Licedei, Slava, Alexi Moretti, La Chincha Negra, Oriolo, Elle et sa compagnie, Cie Lun Passe, Sky de Sela, Claire Ducreux, Kalash & Moumoute, Typhus Bronx, Macha Makaeïeff & Jérôme Des- champs, Les Moumenschanz, Cristi Garbo. Elle s’inspire également des mises en scène de Omar Porras, Joël Pommerat, Ariane Mnouchkine, Galin Stoev, le Studio d’Action Théâtral, Robert Wilson, Marcial di Fonzo Bô, Wajdi Mouhawad, Pipo Delbono, Peeping Tom, Penabauch, DV8, Jiri Kylian, Angelin Preljocaj, le Cirque Trottola, le Cirque Plume, ainsi que des films de Charlie Chaplin, les Marx Brothers, George Méliès, Jan Svankmajer, Mikhaël Hers, Mohcine Besri, Jim Jarmusch, Tim Burton, Albert Dupontel, Peter Mettler, Alejandro Jodorowsky, pour ne citer que les principaux.
Comme références musicales on peut évoquer Luna Pena, Katerina Polemi, René Aubry, Dead Brothers, Ana Carla Maza, Albert Pla, Tom Waits, Vashti Bunyan, Nat King Cole, Matana Roberts, Éric Satie, Thierry Railey, Danny Elfman, Tony Gatlif, Ethiopian Jazz, Jelly Roll Morton, Philip Glass, Franz Liszt, John Butcher, Murcof, Max Richter, Bohren und der Club of Gore,…